Vincent van Mechelen 79.MSE
iNFO : La taille de police initiale pour le poème proprement dit est une taille à laquelle il existe une correspondance complète entre une ligne poétique (ou 'vers') et une ligne typographique. Avec une taille de police standard de 100 %, une ligne poétique peut être divisée en deux ou plusieurs lignes typographiques successives en fonction de la largeur de la fenêtre d'affichage. * The initial font size of 38% or more for the poem proper is a font size at which there is a complete correspondence between a poetic line and a typographical line. With the standard font size of 100% a poetic line may be divided over two or more successive typographical lines dependent on the width of the viewport.
Le poème ci-dessus est un acrostiche de Cette Langue au niveau des vers. Ça veut dire que chaque des onze vers ou 'lignes poétiques' commence consécutivement par les lettres du mot CETTE dans la première strophe, et par celles du mot LANGUE dans la deuxième strophe. Le titre est un pentamètre trochaïque, mais ce type de versification ne joue pas un rôle décisif dans le poème proprement dit. Il y a trois autres acrostiches de langue, écrits par moi en néerlandais, en anglais et en chinois putonghua, qui sont des acrostiches au niveau des strophes. 1 Dans ces poèmes, ce sont les strophes qui commencent par les huit lettres de DEZE TAAL, les douze lettres de THIS LANGUAGE et par les quatre caractères de Zhezhong Yuyan (这种语言). Les deux poèmes néerlandophone et anglophone se composent entièrement de vers rythmiques.
Puisqu'il y a deux mots-clés (CETTE et LANGUE) dans ce poème, le nombre de strophes ne peut être que deux, avec cinq vers dans la première et six vers dans la deuxième strophe. En plus, l'initiale de chaque vers dans chaque strophe est fixée aussi. Pour faire figure d'un acrostiche, il n'y a aucune autre exigence. Malgré cela, vu que l'espace, mesuré en syllabes, est un besoin indispensable pour exprimer un contenu intéressant d'un poème linguistique, c'est presque obligatoire de travailler avec des lignes poétiques très longues. Le résultat est un poème syllabique dont tous les vers ont une longueur de quatorze syllabes en diction poétique ; parfois peut-être quinze, quand le e instable (communément muet) à la fin d'un vers est prononcé comme un son schwa et compte séparément.
Il y a beaucoup plus de structure que les éléments basiques dans le poème. Bien qu'il ne soit absolument pas nécessaire qu'un poème rime — surtout les rimes plates peuvent même aplatir la poésie — mon poème observe un schéma de rimes croisées dont la richesse et la dureté varient. (Quant a la dureté, il y a les rimes régulières et la rime adoucie par la prononciation du e instable comme un schwa. Les rimes régulières sont dures, modérément dures ou douces. Les termes féminines et masculines empêchent une approche objective d'une réalité qui ne se rattache point du tout spécialement à la sexualité ou à la procréation.) La rime interne qui relie petit et d'esprit est une rime finale entre deux mots du même vers. En plus de la répétition des sons à la fin des mots, il y a celle des sons au début. Des exemples de cette rime initiale qu'on appelle "allitération" sont le pair sens & sons et le pair pense & pas. Un exemple moins simpliste, de manière plus sophistiquée, est est-elle suivi par utile, car ce sont nettement les premières syllabes toniques qui font l'allitération. Ou pas.
La connexion entre la forme et le contenu de l'acrostiche pourrait à peine être plus convaincante, et cependant ce contenu est double : il concerne aussi la langue en général que la langue unique qui est Cette Langue. Toute langue quelconque est un véhicule abstrait — l’expression langue véhiculaire le confirme — avec laquelle nous pouvons non seulement transmettre des idées libres sans règle ou étroites sans espace, mais aussi un amour ou une haine trop préoccupante et des idées et émotions moins extrêmes. La langue peut être considérée comme un instrument, mais cela suggère que les gens qui l'utilisent sont actifs et font leur choix, tandis que la langue n'est qu'un système passif. En réalité, la langue, comme chaque système de conventions et de traditions, ne dépend pas seulement de nous ; réciproquement, nous dépendons aussi de la langue. 2 Les gens ont créé la langue, mais une fois créée, c'est la langue qui continue à façonner la culture des gens. Elle a, sinon le pouvoir, l'influence de les obliger à maintenir les distinctions établies, qu’elles soient pertinentes ou non pertinentes, raisonables ou absurdes. La langue unit, la langue divise.
Le français traditionnel est une langue qui divise les personnes et tout l'univers par son 'irrélevantisme sexuel'. 3 Irrélevant est l'antonym de rélevant, le terme qui indique, dans un certain contexte, qu'une distinction est 'pertinente' (lui-même un mot polysémique sans antonym pertinent). Tout d'abord, il manque des pronoms pour faire référence à la troisième personne du singulier et du pluriel. Puis, il n'y a pas des êtres humains ou des personnes occupées par des activités physiques ou intellectuelles. En plus de cela, la langue divise à tort et à travers tous les autres noms et adjectifs en 'féminins' et 'masculins', quelles que soient leur significations, et quelle que soit la 'rélevance' d'un sexe ou genre sexuel dans le contexte où ils fonctionnent. 4 Pourtant, ce n'est pas impossible que la subdivision grotesque de 'tout' le vocabulaire en mots-le et mots-la a substantiellement contribué à cet autre phénomène de Cette Langue : une euphonie par laquelle on peut être vivement transporté. C'est la raison pour laquelle euphonique(ment) paraît à une place marquante dans le poème ci-dessus.